L’ABBAYE, UNE HISTOIRE

 Saint-Sauveur de Charroux,

haut-lieu de la Chrétienté médiévale

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Abbaye de Charroux – essai de restitution abbatiale – tous droits réservés©Laurent Soulet

« Fondée à la fin du VIIIème siècle par Roger, comte de Limoges et sa femme, la comtesse Euphrasie, dans le diocèse de Poitiers, mais non loin de ceux de Limoges et d’Angoulême, l’abbaye fut parrainée par les souverains carolingiens, Charlemagne, Louis le Pieux et Charles le Chauve, ainsi que par de grands seigneurs. Elle devint rapidement riche et célèbre. Elle possédait des biens jusqu’en Angleterre. Les  moines suivaient la règle Bénédictine.

Le nom de Charroux est attaché à l’Institution, en 989 lors d’un concile de la Paix de Dieu. Ce furent les premières prescriptions de l’Église pour protéger les innocents lors des guerres médiévales.

abbatiale Saint-Sauveur de Charroux ©Laurent Soulet

Abbatiale Saint-Sauveur de Charroux – maquette Dominique Vidal ©Laurent Soulet

L’Abbaye changea de physionomie à travers les siècles. C’est au 11ème siècle, que son abbatiale, une des plus grandes de l’Occident, fut reconstruite selon le plan extraordinaire que révèlent les ruines actuelles. Les pèlerins qui visitaient Charroux pouvaient vénérer les reliques de plus d’une centaine de Saints. Mais la notoriété de l’abbaye venait principalement d’une parcelle de la Vraie Croix, d’une relique christologique, la « Sainte Vertu » ou « Saint Prépuce » et d’un grand crucifix dit le « Saint Vœu ». Les châsses et autres objets liturgiques constituaient un fabuleux trésor dont quelques pièces furent retrouvées au milieu du 19ème siècle et demeurent en l’abbaye.

Le grandiose monument roman présentait une architecture audacieuse et symbolique ; le plan combinait un système allongé, en forme de croix, avec un système centré autour d’une rotonde, avec triple déambulatoire, tenant lieu de croisée du transept. Il fut agrémenté, au 13ème siècle, d’un triple portail gothique, placé en avant de la façade romane et de la tour carrée. De la partie centrale, proviennent les statues présentées dans les bâtiments conventuels ; le style de ces statues classe les vestiges du portail gothique parmi les chefs-d’œuvre de la sculpture du milieu du 13ème siècle, à l’égal des meilleures sculptures des cathédrales d’Amiens, de Reims et de la Sainte Chapelle à Paris. »

Découverte vestiges abbaye JPR 2007

Marie-Thérèse Camus

Professeure émérite de l’Université de Poitiers

Historienne de l’Art